5 e édition Salon Maghrébin du Livre LETTRES DU MAGHREB
Thème : Habiter, écrire le monde
I. Avant-propos
Salon Maghrébin du Livre « Lettres du Maghreb » – 5ᵉ édition
Oujda, 7–12 octobre 2025
Depuis sa création, le Salon Maghrébin du Livre « Lettres du Maghreb » s’est imposé comme un rendez-vous littéraire et intellectuel incontournable, porteur d’un souffle méditerranéen et maghrébin, où les voix s’entrelacent, les pensées se croisent et les imaginaires s’ouvrent.
En choisissant cette année le thème « Habiter, écrire le monde », le Salon place la littérature au cœur des interrogations contemporaines. Car habiter le monde, aujourd’hui, c’est affronter ses bouleversements : climatiques, politiques, technologiques, identitaires. Et l’écrire, c’est tenter d’y répondre sans renoncer à la beauté du verbe, à la profondeur de la réflexion, à la pluralité des regards.
Oujda, ville d’histoire et de passage, accueille cette 5ᵉ édition comme on ouvre une maison d’hospitalité : avec fidélité et ferveur. Car elle n’est pas seulement une ville-hôte ; elle incarne la vocation même du Salon – faire dialoguer les cultures, inscrire la littérature dans le territoire, et faire du Maghreb une interface vivante entre le Sud global et le Nord méditerranéen.
Ce catalogue vous propose un parcours riche à travers les grandes lignes du programme : allocutions des partenaires institutionnels, présentation des régions invitées – Grand Est, Lille, Occitanie, Wallonie-Bruxelles et Andalousie – ainsi qu’une mise en lumière des différents espaces du Salon : conférences, hommages, activités jeunesse, expositions, rencontres avec les auteurs…
Soutenu par un large réseau de partenaires institutionnels, territoriaux, culturels et associatifs, le Salon « Lettres du Maghreb » s’inscrit dans une ambition collective : faire de la littérature une manière d’habiter le monde avec dignité, intelligence et imagination.
Puisse ce Salon continuer à éclairer nos chemins partagés, et à faire rayonner la parole libre, celle qui répare les blessures, relie les horizons et trace de nouveaux possibles.
Bienvenue à “Lettres du Maghreb”
Bienvenue à Oujda, ville des écritures et des mondes.
II. Une 5ᵉ édition sous le signe de la conscience du monde
Le monde change, souvent dans la douleur, parfois dans l’urgence. Les certitudes s’effritent, les frontières s’émoussent, les équilibres se déplacent. Dans ce contexte instable, la littérature, la pensée et l’art se voient confier un rôle essentiel : dire l’époque, l’interroger, en dévoiler les blessures autant que les espérances.
En choisissant pour cette cinquième édition le thème « Habiter, écrire le monde », le Salon Maghrébin du Livre affirme avec force que les mots ne sont pas des refuges, mais des actes. Habiter le monde, aujourd’hui, c’est faire face aux grands bouleversements : crise climatique, raréfaction des ressources, inégalités croissantes, migrations contraintes, montée des intolérances, repli identitaire, confusion informationnelle… C’est aussi vivre dans un monde numérisé, où l’intelligence artificielle modifie nos rapports à la connaissance, à l’image, au langage, à l’humain.
Face à cela, le Salon se veut une plateforme de conscience. Il réunit auteurs, intellectuels, éditeurs, traducteurs, artistes, chercheurs, jeunes lecteurs… pour penser ensemble le rôle de la culture dans ce monde incertain. Il s’agit moins d’apporter des réponses que d’ouvrir des chemins, de remettre du sens là où il se délite, de créer des lieux de dialogue là où les murs se dressent.
Cette conscience du monde, revendiquée dans le thème, se déploie à travers toute la programmation de cette édition. Elle traverse les conférences et les tables rondes ; elle inspire les hommages rendus à celles et ceux qui ont fait du livre un lieu de résistance et de transmission ; elle anime les expositions, les ateliers jeunesse, les échanges entre invités d’ici et d’ailleurs.
Car écrire le monde, c’est aussi y inscrire des récits autres, issus du Maghreb, de l’Afrique, de l’Europe du Sud, du Sud global. C’est sortir du centre pour mieux écouter les marges, refuser les récits dominants, et affirmer une pluralité d’imaginaires et de voix. C’est dire que la littérature n’est pas une échappatoire, mais une manière d’être au monde, de le traverser, de le penser, de le rêver autrement.
Dans un monde saturé d’images et de messages, le Salon Maghrébin du Livre propose de s’arrêter, de lire, d’écouter, de comprendre. Une respiration lucide. Un temps pour réfléchir ensemble à ce que signifie aujourd’hui, plus que jamais, habiter le monde.
III. Argumentaire du thème : Habiter, écrire le monde
Oujda 7-12 octobre 2025
Habiter le monde, c’est penser au-delà des frontières, des langues et des cultures, créer une ouverture des espaces et du temps, vivre le présent avec ses histoires, ses imaginaires, ses conflits, partager et frayer des chemins nouveaux. Habiter le monde, c’est préserver la nature et le vivant sous toutes ses formes. On sait aujourd’hui les problèmes liés à la surproduction mondialisée, le désordre écologique, les catastrophes climatiques, l’effondrement de la biodiversité, la raréfaction de l’eau. Les guerres mettent en péril la terre et ses hommes. Le malaise contemporain se traduit par des déracinements, des migrations, des troubles identitaires, des dislocations familiales. Ces conséquences nous obligent à penser plus que jamais à la question de la violence dans nos sociétés, aux inégalités sociales et à nous pencher sur la recherche de l’innovation dans les domaines de l’éducation, de l’égalité des genres et du développement durable.
Notre monde est pluriel. Au croisement des cultures, des langues et des civilisations, comment maintenir un partage des diversités dans un contexte de conflits et de tensions ? Refusant les effets néfastes de la mondialisation, l’Afrique revendique un ordre mondial plus juste et plus multipolaire. Le Sud Global s’impose aujourd’hui comme un nouvel acteur de la géopolitique mondiale, conduisant à un décentrement à travers différents contextes culturels et permettant de penser autrement la relation avec l’Occident.
Avec la numérisation du monde et la montée en puissance de l’intelligence artificielle, nous sommes confrontés à une révolution qui affecte tous les secteurs de la société : l’éducation, la culture, les médias, les institutions. Notre époque est aujourd’hui celle des interactions entre l’humain et la machine. Avec les nouveaux supports médiatiques, la culture connait une transformation majeure avec la circulation des idées, des littératures et des arts. Comment repenser la permanence et la place qui revient aux supports traditionnels ?
Face aux bouleversements du monde, les artistes nous permettent d’avoir une réflexion profonde sur notre monde par leurs productions un acte de réparation des blessures, des stigmatisations, des traumatismes. La littérature peut être un acte de résistance et de combat tout en demeurant la littérature. Les poètes nous convient à habiter le monde par le biais d’une nouvelle manière d’être et de dire qui déconstruit les imaginaires, les mentalités et les dominations. Les écrivains, les philosophes, les artistes et les chercheurs nous invitent à inventer de nouvelles perspectives d’avenir propres à notre humanité commune.
Le choix du thème « habiter, écrire le monde » pour cette cinquième édition du salon international « Lettres du Maghreb » est imposé par le contexte de notre époque marqué par les débats contemporains, les enjeux sociétaux, les attentes et les espoirs.